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Historique du chemin de Compostelle

Historique du chemin de Compostelle

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L'Histoire de Saint Jacques

Jacques, un des douze apôtres du Christ, est le fils de Zébédée, patron-pêcheur sur le lac de Tibériade, et le frère de Jean le futur évangéliste. Peu après la Pentecôte, où il reçoit le don des langues, il part christianiser la terre d’Espagne. Son discours doit être peu convaincant, puisqu’il revient en Palestine quelques années plus tard, ayant à peine converti à la Foi nouvelle une dizaine d’Ibères. Comme Jacques se montre peu enclin au compromis avec les Juifs traditionalistes comme avec les Romains, parvenant même à convertir ses ennemis, Hérode Agrippa le fait arrêter et décapiter. Ses compagnons embarquent alors sur un vaisseau avec le corps de Jacques et prennent le large pour revenir enterrer leur ami en Terre d’Espagne. Porté par les courants et les vents, le vaisseau s’échoue sur une plage de Galice, près de la ville d’Iria Flavia, actuellement Padrón. La reine du pays, qui porte le joli nom de Louve, contraint ces étrangers à faire des choses moult dangereuses, comme de chasser le dragon, ou d’atteler le char transportant le cercueil à des taureaux sauvages, avant de leur accorder enfin l’autorisation d’enterrer le malheureux à cinq lieues de là. Louve se convertit devant les miracles accomplis. A cette période, sous administration romaine, il est fait interdiction aux chrétiens, sous peine de mort, d’aller honorer les sépultures de leurs martyrs. Alors, peu à peu, la mémoire du tombeau se perd, d’autant que de nombreuses invasions font régner en Hispanie une insécurité permanente : les Wisigoths venus du nord, puis les Maures venus du sud. Huit siècles s’écoulent ainsi, et Jacques repose en paix près du Cap Finisterre. Il repose même tellement que tout le monde a oublié sa tombe.

La légende dorée

La Légende dorée rédigée par un capucin, Jacques de Voragine (1228/1298), est une collection de vies de saints, dont celle de Jacques le Majeur. En 813, c’est-à-dire à l’époque de l’empereur Charlemagne, des phénomènes surnaturels se déroulent à l’endroit où dort l’apôtre. On parle notamment d’apparitions de lumières, ou d’étoiles, dans la nuit, à la verticale du mausolée enfoui. L’évêque d’Iria Flavia, Théodemir, intrigué, fait effectuer des fouilles. On exhume alors ce qu’on pense être les restes de Jacques.

A la nouvelle de cette trouvaille, c’est un cri de joie dans toute la Chrétienté. Après la découverte à Rome de la tombe de Pierre, et donc pour la seconde fois depuis la mort du Christ, huit siècles plus tôt, on découvre les restes de l’un des douze apôtres. Aussitôt s’élève une basilique sur le tombeau, et bientôt se précipitent les foules accourues de l’Europe entière pour toucher et adorer les précieuses reliques.

Données historiques

Les Maures pénètrent dans la péninsule en l’an 711 et en achèvent la conquête en 714, à l’exception cependant des montagnes du Nord. Cette province, restée chrétienne, est celle des Asturies aujourd’hui province d’Oviedo. De là partira plus tard la Reconquista de l’Espagne.


Dans ce contexte, la découverte, en 813, de la sépulture du Saint aux portes de l’empire Musulman, prend une consonance de résistance à l’envahisseur. Saint Jacques est ainsi, au début, associé à l’image d’un Matamore (Matamoros, exterminateur de Maures).


Nombre de chevaliers français partent à l’appel des souverains espagnols pour participer à la Croisade contre les Maures, à défaut de pouvoir aller en Palestine.
Le corps de Saint Jacques est découvert au début du 9° siècle. Une convention datant de 1077 signale la découverte sous les périodes du règne du roi d’Oviedo, Alphonse II et sous l’épiscopat de l’évêque Teodemir. C’est donc dans l’intervalle de recouvrement de ces deux périodes qu’il faut placer la découverte, soit de 813 à 833.
Une petite église est construite sur le lieu, qui permet le développement d’un culte d’abord local. 

Au cours du 9° siècle une agglomération se développe en parallèle à l’essor du pèlerinage, pour devenir au Xème siècle un centre épiscopal et commercial important. La première cathédrale est consacrée en 899.
Compostelle est pillée et la cathédrale totalement détruite en 997 lors de l’expédition menée par Al-Mansur. Celle que l’on peut voir aujourd’hui a été construite au11° siècle et sa façade baroque date du 18° siècle.

Acteurs historiques

L’ermite Pelayo. Guidé en songe par une lumière surnaturelle, il eut la révélation du lieu où se trouvait le tombeau.

 

L’évêque Teodemir. Evêque de l’antique Iria Flavia, aujourd’hui Padrón. Sur les indications de l’ermite Pelayo, il fit dégager un tombeau de marbre qu’il identifia comme étant celui de l’apôtre Jacques le Majeur.

L’évêque Godescalc. Il est évêque du Puy et le premier pèlerin connu, étranger à l’Espagne, à se rendre en 950 à Compostelle sur le tombeau, lorsque la renommée du lieu saint commence à atteindre la France. Il ouvre ainsi une future voie française et en 1079 l’expression « chemin des Français » (iter Francorum), est utilisée pour désigner la route de Compostelle.

Aimery Picaud, moine poitevin de Parthenay-le-Vieux, réputé pour être l’auteur du premier Guide du pèlerin. Ce Guide fait partie d’un ensemble de textes rédigés entre 1130 et 1150, intitulé Liber Sancti Jacobi (ou Codex Calixtinus), constitué de pièces liturgiques, dont un manuscrit est conservé à Compostelle.

Un livre historique : le Codex Calixtinus

Il comprend cinq livres. Le dernier, sans titre, « écrit de la main d’un voyageur attentif », fut rédigé pour aider de futurs pèlerins. Il énumère et décrit en particulier les quatre voies historiques qui traversaient la France, les itinéraires et les étapes.


« Il y a quatre routes qui menant à Saint-Jacques, se réunissent en une seule, à Puente la Reina en territoire espagnol ; l’une passe par Saint-Gilles, Montpellier, Toulouse, et le Somport ; une autre passe par Notre-Dame du Puy, Sainte-Foy de Conques et Saint-Pierre de Moissac ; une autre traverse Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay, Saint-Léonard en Limousin et la ville de Périgueux ; une autre encore passe par Saint-Martin de Tours, Saint-Hilaire de Poitiers, Saint-Jean-d’Angély, Saint-Eutrope de Sainte et la ville de Bordeaux.

La route qui passe par Sainte-Foy, celle qui traverse Saint-Léonard et celle qui passe par Saint-Martin se réunissent à Ostabat et après avoir franchi le col de Cize, elles rejoignent à Puente la Reina celle qui traverse le Somport ; de là un seul chemin conduit à Saint-Jacques.


Le Guide du Pèlerin de Saint-Jacques de Compostelle, traduit par Jeanne Vielliard, a été réédité plusieurs fois.